Paracha Vayéra – Notre lien indéfectible avec Abraham et Isaac

 

 

Serions-nous capables de la même grandeur qu’Abraham et Isaac qui, père et fils, acceptèrent le sacrifice ?

En quoi avons-nous le droit de nous référer à eux pour obtenir un bon jugement de D.ieu ? Des réponses que le Gaon de Vilna va nous aider à trouver…

La paracha de Vayéra comporte un épisode très connu, celui du sacrifice d’Isaac (akédathits’hak, littéralement : la ligature d’Isaac). Le sacrifice d’Isaac, épisode fameux, rappelé chaque matin au début de la prière, est la vedette des prières de Roch Hachana : on demande à D.ieu de se souvenir de cet événement pour que nous puissions être pardonnés en ce jour de jugement.

Le Gaon de Vilna pose la question : «N’est-il pas écrit dans le Talmud (Traité Kiddouchine 39b), qu’en dehors de certaines circonstances particulières, le salaire des mitsvoth n’est pas rétribué dans ce monde-ci, mais qu’il est réservé pour le monde futur ? (s’har mitsvabehaï alma léka)».

«Comment est-il possible de demander à D.ieu de se souvenir du mérite de nos patriarches pour l’akédath its’hak, alors qu’eux-mêmes n’en recevront pas le salaire dans ce monde-ci ?»

La réponse que donne le Gaon de Vilna est que le concept de «s’har mitsva behaï almaléka» concerne la mitsva elle-même, sans les intentions et la manière avec lesquelles on la réalisera. Pour la réalisation du commandement à proprement parler, tel que D.ieu l’a demandé, on ne recevra donc pas le salaire dans ce monde-ci, et l’intégralité de la rémunération de cette action sera réservée pour le monde futur.

En revanche, pour ce qui est attenant à la mitsva, à savoir l’enthousiasme et la joie qui accompagnent cette action, les hommes pourront recevoir leur salaire dans ce monde -ci, tout en conservant le capital intact pour le monde futur. Et c’est d’ailleurs ce qui va être le trait d’union entre Abraham, Isaac et nous.

Et Isaac dit à son père…

Abraham avinou, notre père, quand il décida de répondre à la volonté de D.ieu et de sacrifier son fils Isaac, se comporta comme s’il s’agissait d’un sacrifice traditionnel (korban). Il avait d’ailleurs transporté, trois jours auparavant, le bois nécessaire pour brûler son fils après l’avoir sacrifié sur l’autel (misbéa’h) (cf. Genèse 22,3).

Isaac, quant à lui, après qu’il fut au courant de sa destination véritable, dit à son père : «Papa, mieux vaut que tu m’attaches fortement car sinon, je risquerais de bouger. Et quand tu viendras m’égorger, la lame pourrait glisser, faisant une incision défectueuse. Et je connais les lois des korbanoth, cela risquerait de rendre ce sacrifice imparfait aux yeux de D.ieu» (cf. Béréchith Rabba 56,8).

On le voit, Abraham et Isaac, à leur niveau exceptionnel, avaient le souci de la perfection, du moindre détail. Ils ne cherchaient pas seulement à appliquer la mitsva de façon passive, mais ils tenaient à accompagner cette bonne action par un enthousiasme et une joie à la hauteur de leur engagement.

La question du Gaon de Vilna trouve à présent sa réponse.

Car, le jour de Roch Hachana, on ne rappelle pas l’action du sacrifice, mais ce qui l’a accompagnée : la volonté, l’enthousiasme de nos patriarches Abraham et Isaac, pour lesquels ils ont reçu un salaire durant leur vie.

Par le mérite de nos pères !

Mais il y a un autre point qui va nous permettre de faire le lien entre nos patriarches et nous.

Le jour de Roch Hachana, il est permis, d’après la stricte loi, de sonner du chofar avec n’importe quelle corne, exceptée celle de la vache car elle est la mère du Veau d’Or, et ce serait un signe accusateur en ce jour de jugement (Roch Hachana 26a).

Mais le Talmud précise que la corne de bélier sera privilégiée.

Pourquoi cette préférence ?

Nos sages (Roch Hachana 16a) répondent que lorsqu’on sonne avec une corne de bélier, Dieu se souvient du bélier qui fut choisi pour prendre la place d’Isaac lors de l’akédath its’hak. Autrement dit, c’est notre volonté de mieux faire, notre zèle, notre attachement à la mitsva, quitte à aller au-delà de la stricte loi, qui va nous lier avec le mérite de nos patriarches.

Lorsque le jour de Roch Hachana, D.ieu va nous juger, on pourra lui dire : «Rappelle à ton bon souvenir les descendants d’Abraham et d’Isaac, rappelle-toi la akéda. Souviens-toi que nous sommes les descendants de ces hommes, qui étaient zélés, enthousiastes et heureux d’accomplir tes mitsvoth ; que nous sommes les descendants de ces hommes qui ne se sont pas suffit d’accepter et d’appliquer le commandement selon la loi, mais qui se sont souciés du moindre détail, qui ont mis tout leur cœur et tout leur zèle pour accomplir Ta volonté.»

Et c’est en cela que D.ieu se souvient de l’akéda. Car en hébreu le mot akéda ne veut pas dire sacrifice, mais signifie le fait d’attacher. Demander à D.ieu qu’il se souvienne du sacrifice lui-même pour notre mérite, serait impossible. Mais lui demander qu’il nous considère dignes de nos patriarches, hommes zélés, nous sommes en mesure de le faire, nous qui sonnons de la corne de bélier.

Que D.ieu nous donne le mérite de pouvoir être toujours de dignes descendants d’Abraham et d’Isaac, en mettant tout notre coeur dans l’accomplissement des mitsvoth, amen.

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