Accomplir un retour vers D.ieu n’est pas forcément un commandement, c’est une promesse du Créateur aux hommes… «Et tu reviendras vers l’Eternel ton D.ieu», est-il dit dans notre paracha, Nitsavim (Deutéronome 30 ; 2).
Na’hmanide (le Ramban) apprend de ce verset la mitsva positive de faire un retour vers D.ieu, commandement oh combien important, en particulier dans cette période des Yamim noraïm (jours redoutables).
Pourtant, la première mitsva mentionnée par Maïmonide (le Rambam) tout au début des Lois de techouva (1 ; 1), c’est le commandement de vidouy, confesser ses fautes. En revanche, il ne fait pas mention de la mitsva de techouva (retour vers D.ieu).
Pourquoi ?
Les commentateurs, notamment le Min’hath ‘Hinou’h (Rav Yossef Babad, XIXème siècle), expliquent que d’après le Rambam, il n’y a pas de mitsva de faire techouva, ce qui paraît tout à fait surprenant.
Une promesse éternelle
Comment comprendre l’opinion de Maïmonide ? Nos Sages nous expliquent qu’il y a deux manières de lire ce verset.
La première, comme on l’a citée, c’est d’y apprendre la mitsva positive de revenir à D.ieu. C’est la position de Na’hmanide.
Toutefois, ce n’est pas l’opinion de Maïmonide qui, pour sa part, la considère comme une promesse de D.ieu faite au peuple juif, pour lui, dans ce verset, D.ieu promet que tous les Juifs feront techouva à la fin des temps. Il n’y a donc pas de Juifs qui font techouva et de Juifs qui ne font pas techouva. Il y a des Juifs qui ont fait techouva et d’autres qui n’ont pas encore déclenché, entériné cette promesse.
Le livre de Loi de Maïmonide ne mentionne que des mitsvoth pour lesquelles on a une possibilité de choix. On a le choix d’appliquer ou de ne pas appliquer chacun des commandements.
Ce livre ne contient donc que des mitsvoth, et non des promesses de D.ieu. Car on ne peut pas choisir de bénéficier d’une promesse de notre Créateur, c’est en dehors de notre libre-arbitre (bé’hira). Sur le commandement de faire techouva, D.ieu Lui-même annonce que tous les Juifs l’appliqueront. Ce n’est donc plus véritablement un commandement. On ne peut pas choisir de ne pas l’appliquer.
Dans cette optique, ce n’est plus réellement une mitsva et c’est la raison pour laquelle Maïmonide ne la fait pas figurer dans son livre de loi.
Si, contrairement à une mitsva, on ne peut choisir d’appliquer ou non ce que D.ieu nous a promis, il nous appartient en revanche de choisir le moment où l’on va permettre à cette promesse de se réaliser.
Mais il nous faut savoir que la vie est tout simplement impossible sans la techouva…
Un semblant de vie
En effet, comment Maïmonide explique-t-il que D.ieu n’ait pas prescrit la techouva comme une mitsva ? C’est qu’en fait, toujours selon lui, le concept de techouva est une condition sine qua non à la vie, comme boire ou respirer.
Dans «Le guide des égarés» (3 ; 35), il explique que chaque homme a conscience de sa faillibilité. Comme il est écrit «Car il n’est pas d’homme juste sur la terre qui fasse le Bien sans fauter» (Ecclésiaste 7 ; 20). Cette faillibilité, sans espoir d’amélioration, rend la vie impossible, car trop désespérante.
Il est impossible en effet de vivre sans l’idée que nous avons la possibilité de combler nos lacunes, d’améliorer notre être profond, de corriger nos défauts et nos faiblesses. Vivre en pensant être médiocre et imaginer devoir le rester toujours n’est pas une vie: c’est une «mort déguisée en vie».
Puisque D.ieu a fait la promesse de permettre à chacun de nous de faire techouva, à nous d’accélérer ce moment exceptionnel de rapprochement vers Lui, pour hâter la fin des temps et la venue du Messie.