Cette semaine, par une histoire relatée dans le Talmud, nous allons découvrir que D.ieu n’hésite pas à effacer Son Nom pour préserver l’harmonie entre un mari et sa femme.
En direct de la vie d’un couple il y a deux mille ans…
Dans cette paracha, il va être question de la femme Sota, cette femme soupçonnée d’avoir trompé son mari. Pour contrôler la véracité des soupçons, on lui fait boire les eaux de la vérification. Ces eaux provoqueront, si elle a fauté, une réaction physique violente qui entrainera sa mort. Dans le cas où les soupçons étaient injustifiés, elle sortira indemne de cet examen, et recevra, en outre, une grande bénédiction.
Qu’y avait-il de particulier dans ces eaux ?
Le Nom de D.ieu, le tétragramme divin, y était contenu.
Comment ? Ce Nom divin était inscrit sur un parchemin. Il était plongé dans les eaux amères, et par conséquent, le Nom de D.ieu, écrit à l’encre, s’effaçait, se diluait dans l’eau. La femme soupçonnée d’adultère devait boire cette « potion».
Pour comprendre la notion d’effacement du Nom divin, rapportons une histoire absolument exceptionnelle, tirée du Talmud, qui montre l’importance de l’harmonie dans le couple (Chalom Bayith), et qui met en avant la personnalité de Rabbi Meïr.
Chassée de chez elle
Un vendredi soir, une femme mariée arriva très en retard à la maison. Le mari s’inquiète, s’interroge, fait les cent pas. Quand enfin elle arrive, il lui demande : «D’où viens-tu ? J’étais inquiet ! »
Son épouse rétorqua qu’elle assistait au cours de Torah donné par Rabbi Méïr qui s’était prolongé un peu plus tard que prévu.
Le mari, en colère, lui dit : « Si ce cours t’a tellement plu, retournes-y, et ne reviens pas avant d’avoir craché à la figure de ce Rabbi !»
Sur ces entrefaites, Eliahou Hanavi intervint et chuchota à l’oreille de Rabbi Meïr que cette femme avait été chassée de chez elle et que son mari était fou de colère.
De son côté, l’épouse, ne sachant où aller, retourna à la synagogue où elle trouva une assemblée d’élèves, réunis autour de Rabbi Méïr pour écouter de belles paroles de Torah.
En la voyant revenir, Rabbi Méïr se plaignit soudainement d’une douleur à l’œil et lui demanda : « Excusez-moi madame, pourriez-vous venir et postillonner sur mon œil ? »
La femme, très gênée, ne savait que penser et que faire: Postillonner à la figure d’un Rabbi ? Comme il le demandait et qu’il semblait souffrir, elle accepta. Il réitéra sa demande une deuxième, puis une troisième fois. Il lui demanda finalement de postillonner sept fois à son visage. Après quoi, il lui dit avec gentillesse : «Maintenant madame, vous pouvez rentrer chez vous, et dire à votre mari que vous n’avez pas craché une seule et unique fois à la figure du Rabbi, mais sept fois consécutives ! »
Ce fut la stupéfaction générale. Les élèves de Rabbi Meïr s’approchèrent de lui et lui dirent : «Kavod harav, nous ne comprenons pas. Vous êtes un grand Rabbi, vous auriez pu convoquer cet homme, lui expliquer qu’on ne parle pas de cette façon à sa femme. Vous auriez pu le raisonner, lui expliquer ; l’harmonie de ce couple aurait pu être ainsi retrouvée. Pourquoi avoir agi ainsi ?»
S’effacer un peu
Écoutez bien la réponse de Rabbi Méïr. Il leur dit :« J’ai pris exemple sur D.ieu. Dans la paracha qui traite de la Sota, D.ieu ordonne aux hommes d’effacer Son nom, le tétragramme, dans les eaux amères. Pourquoi ? Pour ramener l’harmonie, la paix (chalom) dans un couple.
En effet, si la femme Sota boit la potion et n’en subit aucune conséquence, cela signifie qu’elle n’avait commis aucune tromperie envers son mari, et cela était avéré par l’examen des eaux amères. Si D.ieu, à Son niveau, tellement suprême et tellement haut, est capable d’effacer Son nom pour préserver l’harmonie dans un couple, je dois moi aussi, Rabbi Méïr, homme de chair et de sang, être capable de concéder de mon honneur pour ramener la paix dans un couple.»
Le Maharal de Prague, dit la chose suivante : le mot chalom est aussi l’un des noms de D.ieu. Effacer le Nom de D.ieu est interdit. Cependant, lorsque c’est D.ieu Lui-même qui efface Son nom pour en écrire un autre, celui du Chalom, cela ne s’appelle pas « effacer le Nom de D.ieu », mais l’écrire. Par cette notion, on mesure l’importance de l’harmonie du couple (Chalom Bayith).
De cette histoire tirée du Talmud, chacun doit apprendre que le sens du Chalom, c’est être capable de s’effacer un peu pour faire une place à l’autre. Que par ces paroles, nous puissions tousréfléchir sur cette idée de l’harmonie et passer un véritable Chabbath Chalom.