Alors qu’on pense donner, il se peut bien que l’on prenne et que l’on reçoive un cadeau hors de prix. Mais pour cela, il faut savoir donner de tout son coeur, et sans avoir l’impression d’avoir perdu quelque chose…
Au début de Terouma, D.ieu s’adresse au peuple juif : « Et ils prendront pour Moi une offrande (terouma) de tout homme encouragé par son coeur, vous prendrez Mon offrande (teroumati) » (Exode 25 ; 2).
Dans ce verset, qui semble à première vue assez clair et technique, deux questions, qui vous déboucher sur une seule et même réponse, se posent.
D’abord, la Torah utilise un terme qui semble impropre. On aurait attendu : « Ils donneront pour moi », alors qu’il est dit : « Ils prendront pour moi (veyik’hou li) ».
En outre, il y a une redondance dans ce verset. Une première fois, en début de verset, on parle de terouma de façon très générale, faire un prélèvement, et l’utiliser pour la communauté. Une seconde fois, en fin de verset, on trouve encore le mot terouma, dans une forme déclinée, teroumati : mon prélèvement.
D.ieu s’adresse au peuple juif en disant : «C’est Ma terouma.» On le sait, la Torah est concise, et rien n’y figure par hasard. Cette répétition est donc chargée de sens. Mais lequel ? Pour répondre à ces deux interrogations, il faut faire un focus sur l’idée de donner.
Lorsque l’on donne à D.ieu, on peut le faire de deux manières, contraint ou forcé.
Deux réalités différentes
En effet, comme vous le savez, tous les Juifs sont redevables du maasser, ce qui signifie donner 10% de ses revenus aux pauvres ou pour soutenir l’étude de la Torah. Cette dîme, même avant d’être donnée par une personne, ne doit pas être considérée par elle-même comme la sienne.
Ainsi, le Talmud nous enseigne qu’il ne faut pas s’étonner si celui qui ne prélève pas ces 10%, risque des impôts inattendus, une perte imprévisible, ou une dépense qu’il n’aurait pas eu à faire s’il s’était acquitté de son dû (cf. Baba Batra 8a). Dans ces conditions, tout le monde fera un rapide calcul et donnera le maasser.
Il n’en reste pas moins qu’il y aura deux types d’homme : celui qui aura donné d’un coeur entier, par la conscience que D.ieu lui a confié de l’argent et qu’il a le devoir d’aider ceux qui en ont besoin. Et il y aura celui qui donne sans en avoir vraiment envie, contraint par la logique.
Lorsque l’on regarde de l’extérieur, il y a deux hommes ayant accompli le même geste. Mais en fait, il y a deux réalités totalement différentes. C’est par ces deux réalités que nous allons répondre à nos deux questions.
Le Or Ha’haïm hakadoch nous dit que lorsqu’on donne parce qu’on y est contraint, D.ieu regarde cet argent comme une terouma, un prélèvement. Par contre, lorsque c’est d’un coeur généreux qu’un homme donne, D.ieu pourra dire : « C’est ma terouma, Je m’associe à cet acte ». Donner, cela se dit en hébreu faire la tsedaka, qui signifie littéralement la justice.
Il ne faut pas donner en se disant que l’on s’est acquitté de son devoir, que l’on a fait une bonne action, et qui sera perçu par la société en tant que telle. Il faut donner parce que c’est juste de donner. Si bien que lorsqu’on donne, on n’a pas l’impression d’avoir perdu quelque chose. Celui qui donne véritablement de tout son cœur, reçoit bel et bien quelque chose, comme le disait donc le verset : «véyik’hou, ils prendront ». Il a reçu un cadeau qui n’a pas de prix : il a participé à l’action de D.ieu, en rétablissant la justice.
Que de ces paroles de Torah, nous puissions apprendre à donner.
Donner avec tout son coeur. Car donner quelque chose à quelqu’un, faire vivre une communauté, c’est pour nous l’occasion de recevoir et de prendre.
Que nous puissions très bientôt nous retrouver, tous ensemble, à Jérusalem pour vivre l’édification du troisième Temple, bimhééra beyaménou, Amen,