Chabbath nous a été donné à deux reprises.
Plus qu’un jour de repos, il est un signe d’union entre nous et notre Créateur. Un signe dont on se souvient et que l’on garde précieusement, comme une bague de fiançailles…
Cette semaine, dans la paracha de Ki-Tissa, nous allons lire le très fameux texte du kiddouch du samedi matin : «Vechamérou». On y indique que le chabbath est un signe (oth). Nos sages dans le Talmud (Chabbath 10b) révèlent que le chabbath est un cadeau très précieux que D.ieu a fait au peuple juif. Pour expliquer cette idée, le Hafets ‘Haïm donne une très jolie image.
Il s’agit d’un couple de fiancés. Très vite, les rumeurs courent que les fiançailles ont été rompues. Comment vérifier que ces rumeurs sont vraies ? Le meilleur moyen si l’on ne veut pas poser de questions inopportunes est de regarder discrètement si la jeune femme porte toujours sa bague de fiançailles à son doigt. Si elle orne toujours son doigt, c’est que les rumeurs étaient fausses. Dans le cas contraire, il faudra comprendre qu’il n’y aura pas de mariage…
Depuis la nuit des temps, les Nations prétendent que D.ieu a abandonné le peuple juif. Cet argument a d’ailleurs donné naissance à bon nombre de religions, qui prétendent toutes être la nouvelle équipe de D.ieu. Comment vérifier cette rumeur d’abandon ? En vérifiant si le peuple juif est toujours respectueux des lois du chabbath. S’il reste toujours fidèle aux prescriptions du chabbath, c’est qu’il est toujours proche de D.ieu. Dans le cas contraire, cela viendrait confirmer que D.ieu nous aurait abandonnés.
Un mariage avec D.ieu
Comme on le sait, le don de la Torah, au pied du mont Sinaï, était comme un mariage entre D.ieu et le peuple juif. Cet événement manifeste venait sceller les fiançailles, qui avaient été marquées un peu avant, par le don du chabbath (prescrit dans le désert en sortant d’Égypte).
Le chabbath fut, en outre, mentionné dans les dix commandements (assereth hadiberoth). L’occasion de souligner que le décalogue a été cité à deux reprises dans la Torah. Et l’on remarquera une différence lorsque le chabbath est ordonné dans le livre de Chemoth (Exode 20 ; 8), où il est écrit za’hor : tu te souviendras du chabbath, et la seconde fois, au moment du don de la Torah (Deutéronome 5 ; 12), où il est écrit chamor : il faut garder le jour du chabbath.
Nos Sages précisent: ces deux mots ont été dits dans une seule et même parole, (chamor ve za’hor be dibour é’had).
On a pu l’observer scientifiquement aujourd’hui, la faculté auditive de l’homme dépend de sa bande-passante, ce qui signifie que nous n’entendons pas tous les sons qui existent.
Au pied du mont Sinaï, les Bné-Israël ont pu entendre simultanément, dans le même instant, deux mots qui renvoient à deux dimensions très différentes du chabbath.
Za’hor (se rappeler du chabbath) renvoie à une dimension active: faire les commandements positifs du chabbath, par la sanctification (kidouch), par la délectation aux plaisirs du chabbath (oneg)…
Chamor, c’est la prescription de s’abstenir des travaux interdits du chabbath : ne pas porter, ne pas allumer le feu, en somme ne pas transgresser les 39 travaux interdits. Aussi nos Sages nous révèlent : celui qui aura une part dans l’abstention des interdits (chamor), aura également une part dans la dimension active de chabbath (za’hor), comme il est dit dans le Talmud (Chvouoth 20b).
Car se réunir en famille ou entre amis pour profiter d’un bon repas ou d’un kidouch entre membres d’une communauté, cela ne semble pas difficile. Pour gouter à la vraie saveur de ce qui est appelé par nos sages méein olam haba, un échantillon du monde à venir, il faut être capable de respecter les interdits. Car la dimension de chabbath est double et consubstantielle.
C’est uniquement lorsque l’on sait être dans le chamor, que le za’hor prend tout son sens…
Nos sages nous révèlent que si les Bné-Israël respectaient tous le chabbath, cela accélèrerait la venue du Messie. Que nos paroles nous permettent de mieux nous souvenir et de mieux garder ces lois du chabbath.