La paracha de cette semaine raconte la disparation de Yaacov avinou et ses vœux d’être transporté en Erets-Israël.
L’histoire que nous allons raconter va nous enseigner l’importance du kaddich qui reste, parmi les honneurs dus aux disparus, l’acte de bonté par excellence. Ce récit véridique se passe il y a deux cent ans dans la ville de Frankfort.
A l’époque vivait une veuve, qui avait un fils unique, qu’elle chérissait de tout son cœur. Cependant, malgré son jeune âge, l’enfant tomba malade, et très peu de temps après, il décéda de sa maladie. Cette femme faisait des ménages et devait travailler très dur. Du vivant de son fils, elle devait travailler dur pour subvenir à leurs besoins. Lorsqu’il disparut, elle continua de travailler tout aussi durement, mais sans joie, dans un quotidien devenu triste et sombre.
Chaque matin, elle se levait très tôt, se rendait à la synagogue avant d’aller travailler, et payait le responsable, le chamach pour réciter le kaddich pour son fils, car elle était la seule personne au monde qui pouvait assurer ses derniers devoirs envers lui.
Une rencontre singulière !
Un jour, comme elle était très sérieuse dans son travail, l’un de ses patrons lui donna une somme supplémentaire, qu’il ajouta à son salaire habituel :
– Voici un petit supplément en récompense de votre travail : vous êtes fiable, vous avez gagné ma confiance, je vous offre cette prime, comme marque de ma reconnaissance : vous en ferez ce que vous vous voudrez. Faites vous un plaisir, gâtez-vous, vous le méritez.
Elle hésita beaucoup, et décida finalement d’utiliser cet argent pour une mitsva très particulière. Tous les matins, elle continua de se rendre à la synagogue pour demander un kaddich pour son fils.
Mais elle décida d’offrir également la récitation d’un deuxième kaddich, pour quelqu’un qui n’aurait pas dans le monde un descendant ou une personne qui récite kaddich pour lui.
Elle offrit l’argent si durement gagné pour quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, un disparu qui n’avait pas la chance que l’on récite cette prière pour lui. Ainsi, tous les matins, elle donnait une pièce pour le kaddich de son fils unique, et ensuite, elle glissait encore un peu d’argent pour ce deuxième kaddich à ce disparu inconnu d’elle, abandonné dans la mort, et auquel elle consacrait son argent.
Un matin, un homme qui semblait très important s’approcha d’elle :
– Bonjour madame, puis-je me permettre une question ? Que faites-vous si tôt dans cette synagogue? En général, aucune femme ne vient prier si tôt. Pardonnez ma curiosité, mais je vous ai vu parler avec le chamach. De quoi parliez-vous?
– J’avais un fils, qui est décédé très jeune, et chaque matin je viens pour donner quelques sous au chamach pour qu’il fasse dire le kaddich pour lui, répondit-elle, préférant garder secrète sa deuxième mitsva.
Mais le monsieur insista :
– Je vous ai vu parler avec le chamach à deux reprises. Que lui disiez-vous ? Notre femme vertueuse (tsadéketh) se sentit obligée de s’expliquer et de révéler son secret, sa mitsva à un mort inconnu, à un malheureux qui n’aurait personne pour dire le kaddich pour lui. Après ce récit, notre homme sortit un chéquier de sa poche, libella un chèque qu’il lui tendit. Avant qu’elle n’ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait, l’homme avait disparu.
Un dénouement inimaginable
Elle déplia le chèque et découvrit que le montant inscrit était phénoménal. Elle chercha cet homme partout pour lui rendre son chèque, ne comprenant pas la raison de ce cadeau exorbitant.
Elle questionna les fidèles de la synagogue, mais personne ne le connaissait. Sur le chèque, figurait l’adresse d’une banque. Elle s’y rendit, espérant trouver un éclaircissement à ce mystère.
Quand elle se présenta au guichet, mais au vue du montant, l’employé lui expliqua qu’il ne pouvait pas la renseigner, ni même honorer ce chèque, dont la somme dépassait les normes.
On fit venir son supérieur, qui lui répondit la même chose. On l’emmena donc dans le bureau du Directeur général de la banque. En voyant le nom sur le chèque, il demanda à tout le monde de bien vouloir sortir, puis il questionna notre brave femme : qui lui avait donné ce chèque, quand, et pourquoi.
A nouveau, elle dut raconter son fils, la synagogue, le kaddich, la prime, le deuxième kaddich pour un malheureux, et l’homme inconnu venu la trouver le matin, et enfin le chèque offert mystérieusement.
Contre toute attente, le directeur de la banque se mit à pleurer comme un enfant. Il prit une photo qui se trouvait dans un cadre derrière lui. Il lui demanda si l’homme qu’elle avait vu ce matin et qui lui avait remis ce chèque, encaissable dans cette banque, était l’homme qui figurait sur cette photo.
De plus en plus étonnée, elle acquiesça. –
Cet homme, expliqua le directeur de la banque entre deux sanglots, c’est mon père, qui est décédé il y a plus de trente ans. Et je n’ai jamais récité de kaddich pour lui. Je sais maintenant qu’il est venu pour m’adresser un message, et que je dois réciter cette prière des orphelins pour leurs parents.
Mais je voulais aussi vous remercier de votre action merveilleuse, qui a permis à l’âme de mon père de reposer en paix. A chaque fois que vous le souhaiterez, pour tout ce dont vous aurez besoin, je vous prie de bien vouloir vous adresser à moi. Je vous demande de bien vouloir garder un lien avec moi, car grâce à vous, j’ai compris la force du kaddich.
Cette histoire nous renvoie à la responsabilité de réciter le kaddich pour ses proches.
Le ‘Hafets ‘Haïm nous fait remarquer une spécificité de la tradition juive : à la différence des Nations du monde qui offrent des fleurs et des pierres tombales pour faire hommage aux morts, les Juifs font, outre les dépenses habituelles pour les défunts, des mitsvoth pour leurs chers disparus, car ils savent que cela leur apporte des mérites dans la vie éternelle.