Les sages-femmes d’Égypte ont assumé leurs responsabilités en sauvant, au risque de leurs vies, les nouveau-nés juif condamnés par Pharaon. Elles nous offrent une leçon de vie : comment incarner son vrai rôle…
Cette semaine, nous commençons la lecture du deuxième livre de la Torah, le livre de Chemoth, totalement consacré à l’exil des Bné-Israël en Égypte.
Dans notre paracha, nous retrouvons le Pharaon d’Égypte qui, ingrat, décide d’ignorer tout le bien que Yossef avait fait pour l’Égypte grâce à sa gestion du pays. Dès la mort de Yossef et de ses contemporains, Pharaon décréta que tous les nouveau-nés juifs de genre masculin devaient être tués.
Au départ ce décret, autant abominable que dément, ne concernait que les enfants juifs. Mais bientôt, Pharaon élargit son infâme projet à tous les nouveau-nés mâles, juifs ou non-juifs de son empire. Pourquoi une telle décision ? Parce que ses astrologues lui avaient prédit que le libérateur du peuple juif devait naître à cette période.
Pour éviter cette libération, il convoqua les sages-femmes. Il leur dit:« Vous devrez tuer chaque nourrisson juif qui naîtra.»
Le texte de préciser que ces femmes avaient la crainte de D.ieu. Armées de courage, elles n’exécutèrent pas les ordres du Pharaon et laissèrent en vie les petits garçons juifs. Leur salaire fut grand: elles auront droit à ce qui est appelé dans la Torah «des maisons» glorieuses, ce qui signifie, dans nos mots d’aujourd’hui, une descendance illustre.
Le ‘Hafets‘ Haïm remarque que ces femmes auraient pu échapper à cette situation périlleuse: il aurait suffit qu’elles changent de métier. Mais elles ne prirent pas cette décision, de peur que d’autres sages-femmes, moins «sages» qu’elles, et surtout moins courageuses, puissent exécuter les ordres du Pharaon, et assassiner les bébés.
Ces sages-femmes juives ont eu un courage et un dévouement hors du commun. Elles ont risqué leur vie pour sauver celle des autres. Elles ont assumé leurs responsabilités et ont pu ainsi sauver de nombreux enfants juifs. Dans l’histoire du peuple juif, il y a à peu près soixante ans, des hommes et des femmes, Juifs et non-Juifs, ont résisté contre les oppresseurs pour sauver les victimes des nazis et ont eu le même rôle à jouer que ces sages femmes de l’Égypte.
D’ailleurs, quand nous relisons la paracha de Chemoth, nous avons une pensée pour eux. Eux aussi, comme ces sages-femmes juives, ont voulu assumer leurs responsabilités d’hommes, et ont préféré affronter le danger plutôt que de fuir.
Véritable raison d’être
En récompense de leur courage et de leur sens des responsabilités, D.ieu octroya aux sages-femmes un salaire à la mesure de leur grandeur: le Talmud (traité de Sota p. 11b) nous apprend en effet qu’elles auront des maisons de royautés (baté mal’houth) et des maisons de prêtrise (baté kéhouna).
Les commentateurs de notre paracha nous apprennent que ces sages-femmes, appelées Chiffra et Pouah dans le texte de la Torah, étaient en fait Yo’héved et Myriam, respectivement mère et soeur de Moché rabbénou. Et en effet, Yo’héved, mère de Moché, eut le bonheur d’avoir dans sa descendance des Lévites, et Myriam fut l’ancêtre du roi David.
Cet aspect de notre sidra nous permet de discerner une allusion à l’époque messianique. Comme on le sait, les Cohanim n’ont pas la possibilité, dans la mesure où le Temple n’est pas encore reconstruit, de jouer leur rôle.
Quand le Temple sera reconstruit, ils pourront accomplir l’extraordinaire service qui leur est réservé. A la fin des temps, nous attendons également la royauté de David, qui sera à nouveau opérante, par le biais du Messie, fils de David. Ce qui permit à ces femmes de recevoir la promesse d’une descendance de prêtres et de rois peut donc être une piste pour savoir comment agir pour mériter de vivre l’arrivée du Messie.
Leur courage et leur sens des responsabilités doit certainement être un modèle pour notre action au quotidien. Depuis la faute d’Adam (le premier homme), nous avons tous une mission, une réparation (tikoun) à accomplir.
Dans notre monde actuel, monde de l’image, de la publicité, du cinéma, de la télévision et des médias, on se définit par des modèles donnés par cette civilisation : on copie, on mime, on tente de ressembler, et c’est bien naturel, à ces modèles. Malheureusement, la conséquence de ce phénomène est de se fuir soi-même : on ne se donne pas la possibilité de vivre pour notre véritable raison d’être, celle fixée par D.ieu.