Notre paracha rapporte le décès d’Aharon haCohen, grand prêtre et frère de Moché rabbénou. Tout le peuple pleura la disparition de ce grand maître pendant 30 jours de deuil.
Rachi ajoute que les femmes et les enfants étaient également accablés tant ses qualités étaient rares. La Michna, dans le traité Avoth le décrit comme étant singulier en cela qu’il aimait la paix et la poursuivait. Il aimait les créatures et savait les rapprocher du droit chemin de la Torah. » (Maximes des pères 1,12)
L’amour d’autrui : un liant puissant
Porter le deuil d’un grand sage, c’est réfléchir sur ce qu’il nous a transmis, et essayer de pérenniser ses qualités. Notamment, lorsque nos sages nous disent qu’Aharon était «ohev chalom, aimant la paix» et «rodef chalom, poursuivant la paix », cela signifie que lorsque deux personnes se querellaient, il allait voir la première et lui disait que son ami était très triste, qu’il voudrait se faire pardonner. Il disait de même à l’autre personne, si bien qu’à la première rencontre qui s’ensuivait, les deux s’enlaçaient, se pardonnaient et retrouvaient la paix.
Il réussissait à rapprocher les hommes de la Torah grâce à l’amour qu’il leur portait. Barténoura, commentateur gigantesque sur la Michna, nous dit que lorsqu’Aharon voyait un homme faire une avéra, une faute, il venait le voir pour se lier d’amitié avec lui. Touchée de l’intérêt qui lui était porté, la personne n’en était pas moins gênée, car elle se disait : «Si jamais ce Rav savait ce que je fais lorsqu’il ne me voit pas, il ne voudrait pas s’approcher de moi.»
C’est ainsi que pour ne pas être l’indigne ami d’un homme aussi important qu’Aharon haCohen, un mécréant était capable d’améliorer son comportement, quittant la faute pour se rapprocher du chemin de D.ieu. Ce sont là des vertus qui doivent perdurer au sein de notre peuple.
L’amour d’autrui : un liant puissant
On raconte qu’une femme, accaparée par ses soucis, rendit visite au Rav Goutman. Elle lui dit qu’elle ne pouvait plus supporter son mari et s’imposa : «Je ne sortirai pas de votre bureau tant que vous ne m’obtiendrez pas le gueth, l’acte de divorce religieux.»
Le Rav répondit : «D’accord, mais à une condition, pendant quatre semaines, vous irez distribuer la tsédaka, l’argent de dons, dans le quartier pauvre le vendredi après-midi, ensuite vous viendrez me voir et je vous obtiendrai le divorce.»
Les semaines passèrent, le Rav n’eut aucune nouvelles de cette femme. Il la fit convoquer invoquant le motif de son divorce. Ce à quoi elle répondit : «J’ai bien compris la leçon que vous vouliez m’enseigner. En effet, lorsque chaque vendredi je suis allée voir ces pauvres, j’ai réalisé la juste proportion de ce que sont de vrais problèmes comparés aux futilités.
Voyant la misère et les difficultés dans lesquelles ces gens vivaient, et ce que je pouvais leur apporter en leur offrant quelques sous ou mets pour chabbat, j’ai décidé d’apprendre à surmonter mes différends avec mon mari et à m’ouvrir à ce qui pourrait créer l’harmonie dans mon couple. Je vous en remercie. »
Depuis toujours, nos sages ont su apprendre de l’amour du chalom, paix qui caractérisait Aharon haCohen. Aussi, il incombe à chacun d’entre nous de semer l’harmonie dans les couples, dans les amitiés et surtout de réfléchir au meilleur moyen de rapprocher les enfants d’Israël du judaïsme et de la sainte voie de la Torah par l’amour que nous pouvons leur porter. Il s’agit d’arriver à un comportement exemplaire, leur donnant envie d’accéder au bonheur d’accomplir les préceptes de D.ieu et de se réaliser spirituellement.