Tout est possible ! C’est le message de notre paracha, où l’on trouve la célèbre locution : une terre où coulent le lait et le miel.
L’occasion de découvrir les exemples des illustres personnages du peuple juif, que rien ne prédestinait dans leur parcours à atteindre la pureté…
C’est à la fin de la paracha de Kedochim, qu’apparaît la très fameuse expression: une terre où coulent le lait et le miel (erets zavath ‘halavoudvach). Et nous allons découvrir que cette formule qui a été si souvent utilisée, renferme un sens tout à fait percutant.
Le Rav Chapira, qui était le Roch Yéchiva de Lublin, fait remarquer qu’il existe un principe de classification de cacherouth qui veut que tout ce que produit une bête interdite est interdit, et tout ce que produit une bête permise est permis. Il existe deux exceptions à cette règle : le lait et le miel.
En effet, le Talmud (Be’horoth 6b), fait remarquer que le lait se forme à partir du sang. Le sang est bien entendu interdit à la consommation et pourtant, le lait est totalement permis. De la même manière, le miel, qui est parfaitement cacher, est produit par l’abeille, qui elle même est interdite à la consommation.
Le lait et le miel, par lesquels la terre d’Israël se caractérise, ont donc la même particularité : échapper au principe de cacherouth cité plus haut. La particularité de ces produits renvoie à une dimension singulière d’Erets-Israël : même lorsqu’à l’origine on est loin de la Torah et des mitsvoth,
Israël est le lieu par excellence où l’on pourra retrouver nos racines.
Aussi, dans le peuple juif, des hommes et des femmes très éloignés de la pratique des mitsvoth et de l’étude de la Torah sont devenus de grandes personnalités de notre histoire.
Les plus beaux fruits
Le personnage de Rabbi Akiva, rappelons-le, était descendant de convertis et jusqu’à quarante ans, il était complètement illettré, ne sachant pas même lire et écrire. Il devint le maître incontesté du Talmud, le commentateur incontournable de la tradition orale. Selon certains, il put même égaler Moché Rabbénou (cf. Ména’hoth 29b).
Rabbi Akiva eut pour maître Rabbi Eliezer ben Orkanos. Dans sa jeunesse, Rabbi Eliezer travaillait dans les montagnes pour le compte de son père. A l’âge de vingt-huit ans, il décida d’aller étudier la Torah. Comme son père ne voulait pas le laisser partir, il pria en pleurant comme un enfant, et il put réaliser son rêve.
Finalement, après des années d’études, il atteint un niveau exceptionnel, au point qu’on appela Rabbi Eliézer Hagadol (le Grand), et fut le maître de Rabbi Akiba.
Le jour de Chavouoth, le jour où l’on célèbre le don de la Torah, nous lisons le rouleau de Ruth (méguilath Ruth), l’histoire d’une étrangère parmi nous. S’attachant à sa belle-mère, et se blottissant sous les ailes de la Présence divine (che’hina) par sa conversion, elle devint le symbole de la femme juive, vertueuse et vaillante, et fut même la vedette de l’épisode du don de la Torah. En effet, on lit son histoire le jour de Chavouoth. Ruth est selon tous les commentateurs, l’ancêtre du roi David, et par conséquent, du Messie.
Quel est le message de Ruth ?
Elle nous montre qu’elle a dépassé son sentiment d’étrangéité vis-à-vis de la Torah pour pouvoir s’en approcher, mieux encore : pour en faire partie intégrante.
Chacun à notre niveau, que l’on soit totalement éloigné de la Torah ou déjà observant, nous devons suivre l’exemple de Ruth. Pas moins qu’un non-Juif, il ne faut pas se considérer trop loin ou trop étranger à ce qui est notre essence. Israël n’est pas un lieu, Israël est un moyen de s’accomplir en tant que serviteur de D.ieu. Faisons donc jaillir le lait et le miel afin que même d’un terrain aride puissent sortir les plus beaux fruits.