Parachat Kora’h – Voir l’autre et se voir avec justesse

 

 

D’après une certaine logique familiale, Kora’h, cousin de Moché et Aharon devait être le suivant dans la répartition des rôles de dirigeants du peuple. Si la prêtrise revenait à Aharon, il se voyait devenir tout du moins le guide suprême, devant Moché rabbeinou. Or D.ieu en avait décidé autrement, et la jalousie le gagnait…

Les raisons de la jalousie de Kora’h et son assemblée avaient pour argument principal : «Pourquoi seriez-vous à même de devenir dirigeants plus que nous tous ?» rabaissant ainsi Moché et Aharon à l’idée que rien ne leur conférait plus cette fonction qu’à n’importe qui d’autre.

Nos sages nous enseignent deux raisons au fait de déconsidérer l’autre : le fait d’oublier qui est D.ieu, et le fait d’oublier qui l’on est soi-même. Celui qui se rappelle que D. accepte et aime chacun pour les attributs qui lui sont propres et qu’Il comble chacun par Ses bienfaits est capable de comprendre que chacun a ce qui lui revient et arrivera à ne pas jalouser. Oublier qui nous sommes, c’est oublier que les défauts qui nous dérangent chez l’autre sont aussi souvent les mêmes – voire moins graves – que les nôtres.

La guémara, traité Kidouchin explique cela: « Tout celui qui dénigre autrui critique le plus souvent ce qui lui fait défaut lui-même.

Le verset salvateur

Une histoire rapporte que le Rav Isser Zalman Meltser, auteur du fameux Even Haézel, était assis un jour de ‘hol hamoed avec un de ses élèves et proche parent, le Rav David Finkel. Il faut savoir qu’à ‘hol hamoed, certains travaux interdits peuvent être autorisés uniquement dans quelques cas précis. Le Rav Isser Zalman demande au Rav David : « Veux-tu m’amener de quoi écrire ? »

Le Rav David, à la fois élève et partenaire d’étude du Rav, s’écrie : ‘Hol hamoed ! 

Sous-entendu : Vous devez certainement avoir une raison singulière pour demander à écrire en ce jour !  Il lui répondit que ce n’était rien de spécial mais pour lui, c’était pikoua’h néfech, une question de vie ou de mort ! Si ce n’était pas très important, comment cela peut-il être une question de vie ou de mort pour le Rav ?

Le Rav écrivit quelques mots et dit : «Reprenons l’étude maintenant.»

Le Rav David était assez perturbé. Comment, en écrivant quelques mots, n’y a-t-il plus de risque de vie ou de mort ?

Le voyant intrigué, le Rav lui transmit un message fondamental sur le regard que l’on doit porter sur son prochain : Aujourd’hui, c’est ‘hol hamoed et j’ai le plaisir et l’honneur de voir tous mes élèves venir accomplir la mitsva de saluer leur maître durant les trois fêtes. Il peut arriver que lorsqu’un grand nombre de personnes défilent, elles puissent voir quelques défauts les unes chez les autres.

N’est-il pas pourtant marqué : « Que tes yeux regardent bien en face, que tes paupières s’ouvrent droit devant toi ?»

Sur ce verset, le Rav Yaacov de Lissa disait que les yeux voient immédiatement quelque chose de négatif qui justifierait que l’on puisse déconsidérer l’autre. « Que tes paupières s’ouvrent droit devant toi » : c’est alors qu’il faut savoir se regarder soi-même, avec ses propres défauts.

Ce verset, dit Rav Isser Zalman à Rav David, je l’écris toujours avant la fête. Ainsi, lorsque l’on vient me visiter, j’ai ce petit bout de papier, et si jamais je venais à voir quelqu’un qui m’apparaîtrait désagréable, cette même personne qui aurait fait un long chemin pour m’honorer, je regarde ce verset et je me retiens de le déprécier. C’est pour moi comme une ségoula qui me rappelle d’aimer et de considérer chacun sans conditions. 

Cette fois-ci, je n’ai pas pu l’écrire avant la fête. Or cette faute est bien trop grave. C’est pourquoi j’ai jugé qu’il s’agissait d’un cas de pikoua’h néfèch. Cela me permettra non seulement de reprendre mon étude tranquillisée, mais aussi de savoir être un maître avec tout ce que celui-ci doit représenter en connaissance, respect et considération des qualités de chacun de ses élèves et des gens en général. 

 

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