Les premiers mots de la paracha de cette semaine nous parlent d’un sujet tout à fait d’actualité, alors que les esprits rêvent du grand large. Peu importe le chemin, ce qui compte est le but profond de l’expédition. «Elé massé Bné-Israël, achèr yatsou méérets mitsraïm»
Voici les voyages que les Bné-Israël entreprirent lorsqu’ils quittèrentl’Égypte. La paracha nous remémore les étapes du périple que le peuple juif fit dansle désert.
Quelle était leur destination ? La même que celle qui fut promise à notre père Avraham Avinou: la terre d’Israël.
Curieusement, la Torah précise la provenance des Bné-Israël (l’Égypte), et ne mentionne pas leur but (la terre promise).
Pour comprendre cette particularité, il faut savoir que l’objectif visé n’était pas seulement géographique mais qu’il était surtout le moyen d’accomplir tous les commandements divins sur le lieu le plus propice : Israël.
Il nous faut également rappeler le détour qu’ont fait les Bné-Israël à leur sortie d’Égypte. En effet, au début de la paracha de Béchala’h, la Torah mentionne que les Enfants d’Israël n’utilisèrent pas le raccourci qui, en passant par le pays des Philistins, les auraient menés rapidement en Erets-Israël.
Pourquoi ? Car «al pi Hachemya’hanou, al pi Hachem yissaou» (Nombres 9 ; 20) : ce sont les nuées divines qui allaient les diriger, et D.ieu ne voulait pas qu’ils empruntent le chemin des Philistins.
Mener sa vie
Pourtant, cette terre philistine était déjà aménagée, car peuplée de nombreux habitants. Elle aurait donc été pratique pour le peuple juif durant son périple. D.ieu préféra cependant leur envoyer chaque jour la manne, le pain du ciel, et les faire suivre par le puits de Myriam (le beer, puits «itinérant»).
Il était nécessaire d’avoir recours à des moyens surnaturels plutôt que de les faire traverser une terre qui leur aurait procuré, de façon naturelle, tout ce dont ils avaient besoin.
Pourquoi ? Pour ne pas qu’ils soient influencés par le mode de vie des Philistins, qui les auraient peut-être fait changer d’avis sur leur destination et voire même convaincus de retourner en Égypte. Comme nous dit le verset, «Pen ina’hemhaam ve chavou mits’haïma» : de peur que les Bné-Israël ne changent d’avis et ne retournent en Égypte.
Autrement dit, le risque spirituel était trop important pour être pris. L’influence des Philistins aurait pu modifier la destination du peuple juif, allant même jusqu’à changer le cours de son histoire.
De ce premier épisode de la sortie d’Égypte, on peut donc conclure que si l’on souhaite atteindre Israël, lieu de l’accomplissement optimal de la Torah et des mitsvoth, on ne peut éviter la question : «Est-ce que le voyage que j’entreprends, le chemin que je choisis pour mener ma vie, m’éloigne d’Égypte ou m’y replonge ?»
Des vacances à tout prix
La période des départs en vacances est l’occasion de concrétiser cette idée. Toute l’année, on avance pour acquérir des qualités morales (midoth) et mieux accomplir les commandements divins. Le lieu des vacances n’est donc pas une destination, mais une étape. Elle doit nous permettre de couper avec la routine, de se détendre et de reprendre des forces, pour mieux continuer ce qui a été entrepris.
Il ne faudra donc pas avoir la même attitude avec le spirituel que celle que nous adoptons avec le matériel. Les vacances coûtent très cher, et on y dépense très vite ce que l’on a difficilement gagné durant l’année. Il ne faut pas que ce soit le cas sur le plan de l’esprit.
Les valeurs morales, acquises pour nous et apprises à nos enfants tout au long de l’année ne doivent pas, lorsqu’on s’approche un peu trop près du rivage, devenir des châteaux de sable, détruits par la première vague. Avant de partir vers des destinations lointaines, il faut sans doute mettre dans ses bagages une petite dose de réflexion pour savoir ce que l’on cherche vraiment dans les vacances: une occasion de prendre un certain recul sur la vie, une pause pour repartir plus serein et plus décidés dans ses choix, ou bien une recherche de plaisirs éphémères, qui nous laisseront finalement un goût un peu amer ?Pendant les vacances, en s’éloignant de l’Égypte, il faut atteindre l’ultime destination de chaque Juif, Jérusalem reconstruite, bimhéra béyaménou, Amen.